Espace exposition

samedi 7 novembre 2015

Traits d'histoire et d'architecture au château de La Grange-Bléneau




















Château de La-Grange-Bléneau à Courpalay



77540 département de la Seine-et-Marne

Région: Ile-de-France





Flanqué entre Melun et Coulommiers au centre du département de la Seine-et-Marne, le village est ceinturer de villes comme Crépy-en-Valois, Château-Thierry, Provins, Corbeil-Essonnes, Paris... On serait tenté de supposer que le château n'était pas clos dans sa partie méridionale en 1352 quand Charles V fondait la chapelle et que l' ensemble, sans cette clôture, ne constituait pas un château-fort. S' appuyant sur ce fait important aussi bien que sur les formes des moulures, qui décorent le beffroi et la tour isolée au Nord, on pourrait dire que le donjon et les autres tours ou bastions qui font du château une forteresse, n'existaient pas avant la chapelle et peuvent être attribués à Charles V ou Charles VI.
 C' est alors que l' habitation, entourée de fossés, serait devenue château-fort complet et, si l' on considère le long séjour que dut y faire un prince malade, en quelque sorte prisonnier, et la position politique de la France sous ce règne malheureux, la pensée de faire une forteresse d'une maison de plaisance du souverain paraîtra toute simple et les notions fournies par les ruines elles-mêmes viendront confirmer cette idée.

 Au centre de la cour du château une piscine ou bassin carré, était déstinée à recueillir les eaux nécessaires au service de nombreux aqueducs reconnus à diverses époques lorsque des travaux de terrassement se feraient vers cette piscine. Ils avaient pour but d' y réunir les sources du coteau Ouest,  dans ce bassin il y avait sans doute une fontaine jaillissante. Un ornement en plomb déposé dans le cabinet d'antiquité du Vivier parait avoir appartenu à la décoration de cette fontaine.

La seconde partie des ruines est celle qui, plus étendue que la première, puisqu'elle formait l'enceinte générale du fort, est cependant la moins complète. Aujourd' hui elle est dépourvue d'une partie des tours, qui, espacées à la portée du trait, étaient réunies entre elles par une forte muraille dont il ne reste qu'une courtine. Le peu de constructions encore debout ne donnent pas une idée bien complète de l'étendue générale du fort.
Cette grande enceinte extérieure se rattachait au château par un mur appuyé contre un des pans coupés qui constituent l'abside de la chapelle, ce mur, d' une grande épaisseur, forme un angle droit avec la chaussée. Au point de contact de ce mur et de cette jetée, il y avait une poterne, sans doute, servant d' issue, la communication qui existait sur ce point entre l' étang de Vizi et le fossé méridional se faisait à l'aide d'un batardeau qui retenait les eaux pour les faire arriver à volonté.

 En descendant de ce point important vers l'étang du Grand Moulin, on arrive à une tour isolée d'un petit diamètre sur la surface extérieure de laquelle on reconnaît deux arrachements de mur qui la reliaient à un ensemble démantelé, jusqu' à la hauteur du premier étage. Son intérieur offre, au centre et au niveau du sol, une ouverture circulaire régulièrement taillée dans la pierre comme une margelle de puits. Ce trou permet de descendre dans un caveau voûté à six arêtes dont le diamètre égale celui de la tour. Ce caveau, lorsqu'il fut découvert, était comblé de terre dans toute sa hauteur. Un squelette humain fut trouvé dans le fond, sur le pavé qui forme le sol. Cette rencontre inattendue donna naissance à plus d' une conjecture sur les attributions de la tour et celle qui s' accrédita fit considérer le souterrain comme une oubliette. Mais en comparant sa forme avec celles des oubliettes connues jusqu' à ce jour, on hésite à conserver au caveau l'attribution qui lui fut donnée lors de sa découverte. Néanmoins si l'on considère que cette tour, maintenant isolée, était autrefois encadrée dans de vastes constructions, que la porte qui y donne accès était intérieure, que de ce côté la tour était à l'extrémité du château baignée par les eaux de l'étang, que la partie supérieure supportait le donjon des prisonniers, qu' nfin les pièces à côté étaient celles où l' on jugeait, on est obligé de reconnaître que si ce lieu ne constituait pas une oubliette proprement dite il formait au moins un cachot ou de malheureux prisonniers subissaient leur condamnation.
 Le mur de clôture remontait de ce point jusqu'à une grosse tour d' angle, qui existe encore, dans ce long intervalle de soixante-dix mètres on avait multiplié les points de défense par deux tours abattues aujourd'hui, la seule courtine, encore debout, se dirige de cet angle saillant du fort jusqu' à une construction carrée enclavée dans des dépendances modernes. Près de là, et aux deux côtés de la chaussée ancienne qui des étangs conduisait au coteau Ouest, les fouilles ont fait reconnaître les traces circulaires de deux tours, qui étaient assez rapprochées entre elles pour qu'une porte ait pu être placée sous leur protection.  Des dépendances voûtées, qui s' y reliaient, durent s'appuyer contre le mur dont le fort devait être clos de ce côté.
 Entre le donjon du gouverneur et la tour d'angle, une construction bien cimentée formait un bassin dont le fond était dallé en pierre, les eaux se dégageaient vers l'étang par l'aqueduc. A l'extrémité la plus à l'Ouest de l'enceinte, au point qui se rapprochait de la route antique, une tour ronde, remplacée par une salle de verdure, couvrait l'escalier d'un souterrain considérable dans lequel on entre à droite. Cette cave est formée d'une longue galerie voûtée en berceau dans laquelle pénètrent vingt-huit petits caveaux latéraux. Au fond de la galerie, une ouverture étroite et basse donne entrée à un corridor qui s' étend de part et d'autre et d'équerre avec l'axe général, un homme peut à peine y marcher tant le passage est resserré et peu élevé, on ne peut en sortir qu' en reculant.

Dans ce corridor, à quatre mètres de l'entrée, deux nouveaux couloirs perpendiculaires au premier et parallèles au grand souterrain, s' étendent vers la salle de verdure qui surmonte l'escalier. Tous ces couloirs étroits et fort humides, recueillent les infiltrations d'eau et les réunissent dans un petit aqueduc couvert de dalles en pierre, qui court du Nord au Sud sur l'axe du caveau principal.
La disposition de ce souterrain a fait naître diverses opinions sur sa destination. On a pensé, entre autres choses, que cette substruction avait pu servir de cellier consacré à des approvisionnements de bouche et que les couloirs étaient des chemins de communication avec le château pratiqués dans le but de protéger les sorties d'une garnison. On se fondait sur un passage de Samuel Goy, antiquaire de Louis XII, ainsi conçu. Au fond de la cour du château l'on trouve une porte en fer où l'on va au grand souterrain, en cas d'alerte, il y a différents petits souterrains de côté et d'autre. Au fond est un réduit où est un cellier.


Cet antique château conserve encore un aspect imposant; trois corps de bâtiment flanqués de cinq grosses tours bâties en grès bordent, de trois côtés, une vaste cour qui laisse voir, du quatrième côté, le magnifique tableau que présente le parc dont la vue est très pittoresque.
Des peupliers, des saules et d'autres arbres verts de plusieurs espèces habilement distribuées et plantées par le général La Fayette, offrent à chaque pas des points de vue gracieux et nouveaux. On parcourt avec délice ces paysages variés qu' aucune clôture ne limite, qu'aucune muraille n' attriste.
 L'entrée du château est remarquable, après le pont construit sur le fossé, on rencontre une porte et une fortification flanquée de deux fortes tours. La façade de cette vieille fortification est aujourd' hui rajeunie par la verdure d'un lierre qui la tapisse entièrement. Cette décoration paraît d'abord étrange mais elle inspire un vif intérêt lorsqu'on apprend que ce lierre vigoureux fut planté par le célèbre Fox, lorsqu'avec le général Fitz Patrik, après la paix d' Amiens, il vint à la Grange visiter son ami le général La Fayette. Dès que ce général fut propriétaire de la terre et du château de la Grange, il s'occupa de les convertir en ferme, ornée, il parvint, par des échanges, à se faire un arrondissement de 50 kilomètres d'une seule traite dont 28 kilomètres en terres labourables et le reste en bois, pâtures, vergers, étangs,etc...



*


Texte tiré du livre, page 207;


"Histoire des environs de Paris"
Tome V

J.A Dulaure
Revu et annoté par J.L Belin

1838

























Aucun commentaire: